Le miracle du pendu dépendu – Thérèse Rébé
Nous avons tellement marché ! Et la route est si longue ! Une seule pensée occupe mon esprit : mettre un pied devant l’autre, avancer encore, plus loin. Depuis notre départ de Notre Dame du Puy, je m’efforce de trouver appui sur mon solide bourdon, de ne pas trop peser sur le bras de Lothar. Parfois, je le vois sourire dans sa barbe et il ralentit le pas. Je ne suis qu’une femme. On me l’avait bien dit : il n’est pas conseillé aux femmes de pérégriner jusqu’au tombeau de Saint Jacques, jusqu’à cette extrémité où la terre finit…
Les dangers du voyage ne me font pas peur. Il faudrait être bien hardi pour attaquer mes deux compagnons ! Lothar est dans la force de l’âge. Il garde fière allure sous sa pèlerine burelle et son air est celui d’un homme qu’on n’affronte pas sans péril. Hugo est encore plus grand que son père et, s’il est jeune encore, on sent déjà en lui un courage que rien ne plie.